14 septembre 2017

Les Fintech : ces acteurs qui bousculent la Finance

MAIS, D’OÙ VIENNENT LES FINTECH ?

 

L’expression Fitnech est apparue pour la première fois sur le réseau social Twitter en 2007, combinant les termes « finance » et « technologie », elle désigne les startups innovantes qui utilisent la technologie pour repenser les services bancaires. Le plus souvent, ces jeunes pousses, dirigées par des profils expérimentés issus du secteur bancaire ambitionnent de faire bouger les lignes en offrant des services financiers simples d’utilisation, de meilleure qualité et plus accessible. La force des Fintech est rassemblée dans leur capacité à pouvoir réinventer la relation client à travers des offres construites autour de ce dernier.

En France, la naissance de l’association France Fintech affiche une volonté de faire rayonner ces nouveaux acteurs tout en consolidant le marché. Les Fintech n’annoncent pas le déclin des acteurs historiques mais une restructuration du paysage désormais focalisé sur l’innovation et les nouveaux usages. Avec une forte augmentation des investissements estimés à plus de 750%de 2014 à 2015 (de 19 millions à 169 millions d’euros), il existe aujourd’hui une centaine de Fintech sur le marché français.

Richard Lumb, Directeur Général Monde de l’activité d’Accenture dans le secteur des services financiers explique les raisons d’un tel engouement : « La quatrième révolution industrielle est un phénomène mondial qui confronte le secteur des services financiers à de nouvelles innovations et à de nouvelles entreprises issues du monde numérique, concurrentes et/ou collaboratives. Les clients des banques ont tout à y gagner ».

L’apport de nombreuses innovations technologiques et le développement d’internet viennent révolutionner un secteur financier trop peu créatif notamment au regard des nouveaux usages numériques grand public. En effet, ils demandent désormais des services digitaux qui puissent être fiables, ergonomiques et simples à utiliser.

 

 

DÉCRYPTAGE DES PRINCIPAUX DOMAINES IMPACTÉS PAR LES FINTECH

 

Les Fintech viennent transformées le marché des services financiers et adressent 6 segments d’activités historiquement accaparé par les banques: le paiement, les assurances, les dépôts et prêts, les levées de fond, la gestion des investissements et le provisionnement du marché.

Paiement : les banques ne détiennent plus le monopole des solutions de paiement et de transfert de l’argent de compte à compte depuis 2007 . De nombreuses Fintech offrent la possibilité d’effectuer des paiements de manière rapide et à un coût compétitif.

Assurances : le progrès technologique, le traitement des datas et la croissance du marché de l’IoT permettent aux Fintech de proposer de nouvelles offres personnalisées en rupture avec les produits et services standards du marché et à un prix ajusté. De plus, la nature digitale de ces nouveaux acteurs transforme les modes de distributions classiques par agence et de nouvelles applications, plateformes, chatbots apparaissent.

Dépôts et prêts : les Fintech initient la revue des modèles opérationnels et de distributions classiques. Avec le digital et les processus automatisés, les Marketplace en ligne proposent désormais en quelques minutes des offres de prêt sur mesure.

Levée de fond : Les plateformes de crowdfunding adressent des segments de clientèles délaissées par les acteurs traditionnels (dons, prêts au particulier, collecte et capital). Elles amènent une réponse simple à la complexité du cycle de vie des levées de fonds. En effet, elles permettent aux débiteurs d’avoir accès à du capital de manière transparente, simple et en accord avec les nouveaux usages digitaux.

Gestion d’investissement : La maîtrise du Big Data et du Data mining de ces jeunes entreprises digitales leurs permettent de proposer des investissements complexes pour les petites entreprises et investisseurs particulier de manière simple et sécurisée.

Provisionnement du marché : De nouvelles solutions permettent aux investisseurs d’accéder directement aux marchés traditionnellement opaques.
Au sein même de l’écosystème des Fintech les relations avec les acteurs historiques divisent et alors que certains offrent des solutions collaboratives (ciblant essentiellement les institutions financières comme clients) d’autres s’érigent en concurrentes des acteurs historiques déjà en place à travers des solutions disruptives. Nous développerons plus en profondeur ce sujet dans la suite de l’article.

 

UN CONTEXTE LÉGISLATIF FAVORABLE

 

L’évolution de la réglementation a facilité l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché bancaire et le numérique a abaissé le degré de protection des barrières à l’entrée. Avec les nouvelles réglementations MIFID 2 & IMD II (La directive européenne sur les marchés d’instrument financiers & la directive d’intermédiation en assurance), les modèles économiques traditionnels se renversent et les nouveaux acteurs profitent d’un contexte législatif opportun. En effet, ces dispositions apportent des modifications profondes sur les mécanismes de marchés définis autour de plusieurs objectifs : la transparence des marchés, la protection des investisseurs et l’organisation des marchés.
En France, la réglementation accompagne le développement des nouveaux services financiers proposés par les Fintech. A ce titre, La directive française sur le crowdfunding adoptée en 2014  encourage le développement du financement participatif. Il crée un environnement sécurisé pour les contributeurs (donateur, prêteur ou investisseur) et reconnaît juridiquement le statut des plateformes de financement participatif. De plus, l’environnement hyperégulé des services financiers n’est pas forcément une barrière à l’entrée et au contraire, il peut jouer en faveur des nouveaux entrants. En effet, la régulation prudentielle et la série Bâle I, II, III oblige les acteurs traditionnels à se doter d’équipes expertes dans le calcul de risques afin de respecter les ratios prudentiels requis. Il en découle une importante mobilisation de leurs ressources pour pouvoir se mettre à jour et un manque de flexibilité. A l’inverse, les Fintech sont soumises à une réglementation proportionnée à leur taille, pour ne pas paralyser l’innovation.Enfin, le nouveau cadre juridique insufflé par la directive des services de paiement 1 et 2 traduit toute la volonté des pouvoirs publics à faire apparaître de nouveaux acteurs sur ce marché. En effet, la fin du monopole du marché des paiements, a profondément bouleversé le modèle économique des établissements de crédit. La légitimité attribuée à ces nouveaux acteurs par la création de statuts spécifiques comme les services d’initiations de paiement et d’agrégation illustre que les banques devront pleinement composées avec les Fintech.
Toutes les décisions convergent vers plus de concurrences, plus de transparence, plus d’ouverture et moins de coûts pour les consommateurs.

 

QUELLES SYNERGIES ENTRE BANQUES ET FINTECH ?

 

Le secteur financier est à l’aube de mutations profondes. L’émergence des Fintech n’impliquent pas pour autant la disparition des acteurs historiques. Au contraire, pour conserver leurs clients, les banques devront réfléchir avec ces nouveaux acteurs de la manière dont elles transformeront leur business model. Selon Christophe Chazot, directeur de l’innovation chez HSBC « Les Fintech ne sont pas uniquement des concurrents. Elles peuvent apporter aux banques des offres ou technologies complémentaires ».

Dans de nombreux domaines les FIntech offrent des solutions aux banques pour accélérer leur transformation digitale. De la gestion de la relation client à la lutte contre la fraude en passant par la gestion des risques jusqu’à la conformité, tout une partie de l’écosystème Fintech est au service de la modernisation des banques.
De plus, bien que les Fintech proposent de nouveaux services simples, intuitifs et à des prix compétitifs, elles n’inspirent pas nécessairement un sentiment de confiance auprès du grand public. Elles doivent prouver aux utilisateurs que leurs dispositifs sécuritaires sont efficaces et le rôle historique des banques de tiers de confiance, peut se montrer être un précieux atout.
Enfin, selon une enquête du cabinet de conseil PwC de 2017, près d’un acteur bancaire traditionnel sur deux a engagé des partenariats avec des Fintech. Les Fintech ne se présentent plus que comme des concurrents à court terme. La véritable menace pour les banques viendra des grands acteurs du numériques tels que les GAFA qui disposent à la fois, d’une taille critique, des ressources nécessaires et d’une très forte notoriété auprès de leurs clients.

 

 

Source :
Bpifrance Le Lab_Fintech_juin_2016
https://acpr.banque-france.fr/search-es?term=les+nouvelles+reglementations+europeennes+priips+dia+2
https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/actualites/mifid-2-la-commission-europeenne-adopte-une-directive-et-deux-reglements-delegues
https://www.eifr.eu/uploads/eventdocs/5875f4c478454.pdf 
https://www.pmefinance.org/documents/RapportFintech2020-reprendrel’initiative-23OCT15.pdf
https://www.fintechinnovationlab.com/regions/london/
https://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/services-financier/articles/emergence-des-fintech.html
https://www.cafedelabourse.com/archive/article/fintech-start-ups-finance#